Son père l'envoie suivre sa scolarité, de 1842 à 1847, dans un
pensionnat d'un petit village des environs de Paris, Passy. Dès
cette époque, il dessine à la campagne et visite les musées parisiens. Revenu à
Saint-Thomas, il se lie d'amitié avec le peintre danois Fritz
Melbye, avec lequel il s'enfuit en 1852, afin d'échapper à l'entreprise
de son père, vers Caracas au Vénézuela où il restera deux ans.
En 1855 son père finit par céder à sa volonté de devenir
peintre et l'envoie de nouveau, afin de lui faire suivre une formation plus
sérieuse, à Paris, où la branche française de sa famille allait lui apporter son
soutien financier.
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p
o u r l e s a g r a n d i r |
L'ACADEMIE SUISSE
Pissarro n'y suivra pas une formation régulière, mais se
contentera de travailler occasionnellement à l'"Académie
Suisse". Cet atelier parisien prestigieux créé en 1815, successivement
dirigé par David, Gros, Delaroche, et sous la direction du peintre suisse
Charles Gleyre depuis 1844, mettait à la disposition des jeunes artistes un
atelier et des modèles. L'Académie Suisse ne dispensait pas de cours, mais
permettait aux jeunes peintres d'étudier ensemble le nu, le
prix d'un modèle étant trop élevé pour un seul artiste. C'est là qu'il fera la
connaissance de Monet en 1859, de Guillaumin
et de Cézanne en 1861.
A cette époque, Il peint dans les environs de Paris sur les
bords de la Seine, de l'Oise et de la Marne, son travail suivant
particulièrement le style de Corot, dont il avait pu admirer
les oeuvres lors de l'Exposition Universelle de 1855, et avec
lequel il avait pris contact. C'est de là que naquit sa vocation de
peintre paysagiste.
En 1859, il envoya sa première oeuvre au Salon et y fut admis à
exposer. En 1860, il entre en ménage avec Julie Vellay, la
fille d'un viticulteur bourguignon dont il aura huit enfants.
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En 1866, Camille et sa famille s'installèrent à
Pontoise, puis à Louveciennes en 1869, gardant un appartement à
Paris d'où il pouvait se rendre aux rendez-vous du Café
Guerbois. Il avait fait la connaissance de Manet en
1866.
PONTOISE
Hormis en 1867, il fut régulièrement admis au Salon, sans
que ces admissions lui apportent des ventes particulières, et il connaîtra
longtemps des difficultés financières pour faire vivre sa nombreuse famille.
Sa plus grande expérience par rapport à Monet, à Renoir et à Sisley, confère alors une plus grande maturité à ses tableaux. Il se sert des modulations de couleur pour suggérer la profondeur spatiale tout en gardant une grande rigueur dans la composition. Ces qualités que l'on retrouve chez son élève Cézanne font de Pissarro un peintre bien plus considéré aujourd'hui qu'il ne le fut par le passé. A Pontoise, il travaille avec Guillaumin, rendant de nombreuses visites à Auvers-sur-Oise au docteur Gachet qui soigne sa mère. |
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La côte du Jallais, Pontoise
1867 Metropolitan Museum of Art, NY |
Au cours de la guerre de 1870, Pissarro, de nationalité
danoise, après un bref séjour en Bretagne, se réfugiera à
Londres auprès de Monet. Il laissera derrière lui tous ses tableaux à
Louveciennes, ainsi que ceux que Monet lui avait laissés en
dépôt. Ceux-ci serviront aux Prussiens de planches à débiter la viande et seront
pour la plupart détruits. Sur les bords de la Tamise, Pissarro découvrira le
travail de John Constable, Joseph M.W. Turner et de Richard Bonington.
Après la guerre, il retourne s'installer à Pontoise, où il
restera dix ans.
PISSARRO-CEZANNE
Un moment important dans l'histoire de la peinture est la
collaboration entre Pissarro et Cézanne du
printemps 1872 à la fin mai 1874.
Ils se connaissent depuis plus d'une décennie
et Pissarro accueille Cézanne venu travailler avec lui. Celui-ci s'installe avec
sa famille, à Pontoise d'abord, puis à Auvers-sur-Oise en 1873 dans un logement
fourni par le Dr Gachet.
Leur travail en commun va se révéler pour l'un et pour l'autre
particulièrement fécond. Cézanne va s'approprier la façon de peindre des
impressionnistes tandis qu'il conforte Pissarro dans sa volonté de réaliser des
compositions construites avec une picturalité
autonome.
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1874 fut l'année de la première exposition impressionniste.
Pissarro, doyen des Impressionnistes, participera aux huit expositions
du groupe.
LE PAYSAGE S'ELARGIT
La critique ne reconnaîtra le talent de Pissarro qu'à la fin
des années 1870. Celui-ci répondra aux attentes du public en se consacrant
davantage à la décoration. Ses moyens financiers lui permettront d'acheter une
maison à Eragny en 1884.
Vers la fin 1882, Camille quittait Pontoise pour s'établir à
Osny, un village voisin de Pontoise, où il poursuivit son
oeuvre, parfois en compagnie de son ami Paul Gauguin, qui fait
alors partie de son cercle de disciples, au même titre qu'Armand Guillaumin, et
Cézanne qui passe de temps à autre chez lui.
De cette époque, son oeuvre évolue, aux simples paysages
s'ajoutent désormais des scènes de rue, de marché avec de nombreux
personnages, d'intérieurs avec des paysans. Le peintre paysagiste
devenait également peintre de figures.
Sa palette aussi évolue, vers plus de contraste dans
les couleurs et des touches de plus en plus petites.
Le tissage de la surface picturale est composé de particules de pigments d'égale
valeur.
En 1884, il s'installe à Eragny, près de
l'Epte où il allait rester jusqu'à sa mort.
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LE DIVISIONNISME
Vers le milieu des années 1880, il rencontra Seurat et fut impressionné par ce qui pendra plus tard le nom de néo-impressionnisme, et la technique divisionniste, sans pour autant adhérer totalement à l'approche systématique et scientifique de ce dernier ou de Signac.
Vers le milieu des années 1880, il rencontra Seurat et fut impressionné par ce qui pendra plus tard le nom de néo-impressionnisme, et la technique divisionniste, sans pour autant adhérer totalement à l'approche systématique et scientifique de ce dernier ou de Signac.
Il adoptera un moment les petites tâches irrégulières du
pointillisme, et exposera même en 1886, avec Seurat,
Signac et son fils Lucien Pissarro.
Jusqu'en 1890, il signera des tableaux
divisionnistes sur des motifs de paysages cultivés, de vues fluviales
ou de scènes paisibles du travail paysan, préférant toutefois des petits
traits aux points rigoureux de Seurat .
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En 1890, au retour de voyages en Hollande et en Angleterre qui
ranimèrent son amour de la nature et son admiration pour ses amis
impressionnistes, Monet, Renoir, Degas et Sisley, il se détourna de "la division
systématique de notre ami et regretté Seurat", tout en gardant jusqu'à la fin de
petites touches serrées.
PEINTRE DE LA VILLE
La production de Pissarro, réduite jusqu'en 1890, deviendra
plus abondante alors que les difficultés financières ressurgissent et ce alors
qu'il connaît des problèmes de vue l'empêchant de travailler en plein air.
Dans ses oeuvres tardives, Pissarro va accorder aux
vues métropolitaines un intérêt jusqu'alors manifesté seulement
par Monet et Caillebotte.
Il loue des chambres à Paris, Rouen, Dieppe et au Havre, à
partir desquelles il peint des perspectives dynamiques de boulevards, places,
fleuves et ponts. Comme Monet, il peint des variantes et répétitions pour fixer
les différences de lumière.
Il faut voir dans cette nouvelle évolution, due en partie à sa
maladie des yeux, en même temps qu'un désir de satisfaire ses désormais nombreux
acheteurs, la vision sociale et d'avenir de Pissarro, pour
lequel ce qu'il y a de laid dans le progrès, au regard d'un ordre établi, est,
paradoxalement, beau.
Dans ces vues citadines, on retrouve son aptitude à la
composition spatiale, avec des perspectives
profondes parcourues par la circulation et encadrées par l'architecture et les
allées d'arbres, l'ensemble baignant dans une ambiance harmonieuse de lumière de
ville.
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Boulevard Montmartre, effet de
nuit
1897National Gallery, Londres |
Le marchand Durand-Ruel, qui contribuera au succès de Pissarro en France et en Amérique, lui consacrera une exposition monographique.
L'INFLUENCE DE PISSARRO
La contribution de Pissarro à l'impressionnisme est
essentielle. Par son oeuvre et son art qui en est une des expressions les plus
représentatives et les plus brillantes, par l'influence qu'il
eut sur les autres impressionnistes
Deux de ses élèves reconnurent jusqu'à la fin de leur vie
l'importance qu'avait eue pour leur art la formation de Pissarro :
Cézanne, qu'il aida à peindre plus clair à la manière impressionniste,
à chercher la forme par la couleur, sans recours aux cernes du dessin , puis
Gauguin, dont il supervisa les premiers travaux.
Cézanne qui se présentait parfois comme
l'élève de Pissarro, gardera toujours une affection sincère
envers celui qu'il nommait "L'humble et colossal Pissaro" et dont il
dira "Ce fut un père pour moi. C'était un
homme à consulter et quelque chose comme le bon Dieu"
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