Certaines cachent leur visage derrière des masques de plastique blanc, parfois décorés de couleurs. D'autres se montrent, perchées sur des talons ou arborant décolletés, dentelles ou cuir. De la place Pigalle à République, quelque 200 travailleuses du sexe manifestaient ce jeudi après-midi à Paris contre la pénalisation des clients, une des propositions de loi qui ressort du rapport parlementaire Bousquet (PS), rendu public en avril.
«Apparemment, il y a une espèce de chasse aux sorcières qui s'installe», lance Maîtresse Gilda, de la résille de la tête aux pieds (photo). Le Strass (Syndicat du travail sexuel) dont elle est porte-parole, organise la manifestation. C'est aussi l'une des 17 associations de prévention et de santé communautaire du collectif Droits et prostitution (Act-up, Aides, etc.) représentées ce jeudi.
«On est ici contre cette éventuelle loi mais aussi contre la répression en général», continue Maîtresse Gilda. «La Loi de sécurité intérieure de 2003 a précarisé mes copines et les a mises en danger. Toutes les ans, on compte nos mortes. Ce sera pareil avec cette nouvelle mesure.» Des photographes s'approchent, elle remet ses longs cheveux blonds en place. «Et puis l'Etat ne doit pas s'immiscer entre des adultes consentants, c'est une entrave à la liberté. Pas de flics dans mon lit. Même s'ils paient.»
Le 30 mai, quelques dizaines de personnes, prostituées indépendantes, ont manifesté à Lyon. Mardi, elles ont battu le pavé à Toulouse. Le choix du 2 juin pour la manifestation parisienne est symbolique: il y a 36 ans, l'occupation pendant plus d'une semaine de l'église de Saint-Nizier à Lyon fut le point de départ des actions collectives. «Il paraît que certaines filles de 1975 sont ici aujourd'hui», glisse Maîtresse Gilda. «Comme quoi, rien n'a changé».
Dans le cortège se mêlent prostituées, clients, transsexuels, transgenres, militants associatifs. Les slogans sont en français, en espagnol ou en anglais. Les silhouettes intriguent les badauds et les touristes qui remplissent les bus panoramiques.
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