Peut-on débrancher une femme enceinte qui se trouve en état de mort cérébrale ? C’est la question sur laquelle la Haute Cour d'Irlande devra se prononcer le 23 décembre, note The Irish Times. La femme, qui a souffert de lésions internes sévères à la suite d'un caillot sanguin, est maintenue en vie artificiellement à l’hôpital depuis deux semaines pour permettre à son fœtus de 17 semaines de survivre.
Ses médecins craignaient d'enfreindre la loi en débranchant les appareils qui la maintiennent en vie : depuis 1983, la Constitution irlandaise donne en effet au fœtus les mêmes droits qu'à la mère. Autrement dit : le fœtus a autant le droit de vivre que sa mère.
"Bourbier éthique des trente dernières années"
Si la cour décide de donner la vie au fœtus, il faudra maintenir la femme en vie jusqu'à ce que le fœtus ait au moins 24 semaines, le moment où il sera viable à l’extérieur de l'utérus. L’identité et l'endroit où se trouve la femme ne sont pas dévoilés. Ses proches, y compris son compagnon, "vivent une terrible catastrophe", selon le père de la victime cité par l'Irish Independent, car ils souhaitent qu’elle soit débranchée. "Je veux juste pouvoir reposer en paix ma pauvre fille", aurait dit son père.
Il y a seulement dix-huit mois, la loi avait été assouplie pour permettre l'avortement dans le cas où la vie de la femme était en danger. Dans un article intitulé : "L’avortement, le débat qui ne semble jamais disparaître", une chroniqueuse souligne que cette loi ne constitue donc en aucun cas une réponse "au plus grand bourbier moral, éthique et politique des trente dernières années". Elle rappelle que "c’est la deuxième fois en seulement cinq mois que la nouvelle législation a été sapée". En effet, en août, une femme suicidaire tombée enceinte après avoir été violée s’était fait refuser un avortement.
Une loi "à effet paralysant sur les médecins"
Le ministre de la Santé, Leo Varadkar, a appelé à revoir la Constitution qui lui semble "trop restrictive" et qui "a un effet paralysant sur les médecins". Des propos salués par l'Irish Independent mais qui ne sont pas partagés par le Premier ministre, Enda Kenny, pourtant du même parti que le ministre de la Santé (Fine Gael, centre droit). Ce dernier n’est pas favorable à un changement de la Constitution, qui devrait être validée par référendum, rappelle The Irish Times. "Je n’ai pas l’intention de réagir de manière impulsive à une question aussi personnelle, sensible et complexe que celle-ci", a dit Enda Kenny, cité par le journal.
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