16.5.15

Portugal. A vot'e bon coeur mess'i dames!



Le texte en dessous représente une réalité. Le Portugal est devenu un paradis pour les étrangers qui veulent s'y installer. Rien à dire sur cela, sauf que ce site paradisiaque n'existe qu'avec la grande misère imposée aux autoctones.
Si nous voulions être démagogues, nous dirions que l'Etat exporte des gens qu'il a mis dans la misère pour recevoir d'autres personnes plus fortunées. Le Portugal a toujours été un pays tolérant où tout le monde est bien accueilli. Les étrangers seront, donc, les bienvenus. Mais, amis en voie d'immigration, nous vous supplions de ne pas oublier votre aumône aux indigènes qui n'en peuvent plus. Merci pour eux.
"2013 a été la meilleure année pour le tourisme au Portugal, mais 2014 pourrait être encore meilleure", titrait le 3 juin Dinheiro Vivo, le supplément économique du Diário de Notícias. Dans cet article, Francisco Calheiros, président de la Fédération portugaise du tourisme, expliquait que la stratégie de développement de ce secteur passait par un "renforcement de l'image du pays dans les marchés existants" (Allemagne, Royaume-Uni, France et Espagne) et un "investissement dans de nouveaux marchés à fort potentiel" comme le Brésil et la Russie.
Dans un article du 23 mars du journal portugais Público, il est indiqué qu'au Portugal le tourisme contribue pour 5,8 % du PIB total du pays alors que la moyenne mondiale n'est que de 2,9%. Néanmoins, lorsque l'on prend en compte l'importance de celui-ci dans la balance du commerce extérieur, il représente 19,6 % (contre 5,4 % en moyenne dans le monde). Dans le même article du quotidien portugais, le sécrétaire d'Etat au Tourisme, Adolfo Mesquita Nunes, déclarait : "La contribution du tourisme au PIB pour les exportations, l'investissement et la création d'emploi est si importante que je n'hésite pas à dire que c'est un des principaux – voire le principal – secteurs de notre économie." Selon le même quotidien, le FMI lui-même avait mis en exergue l'importance du tourisme dans la "reprise" économique du pays. [Le Portugal est sous tutelle du FMI depuis 2010.].
Le Portugal, paradis à l'étranger
Depuis 2012, signe de la bonne santé de ce secteur de l'économie portugaise, la presse internationale, spécialisée ou généraliste semble s'être entichée du pays. Ainsi, en 2014, CNN a élu Lisbonne Ville la plus cool d'Europe. Le Huffington Post la décrit comme "la ville à visiter avec des amis". The Daily Telegraph parle de l'Algarve [le sud du Portugal] comme de "l'une des meilleures destinations de vacances avec Bali". Le magazine Condé Nast Travelerquant à lui, a également élu le Portugal comme "le meilleur pays à visiter".
Selon un article du Público, les villes de Lisbonne et de Porto sont régulièrement classées dans la presse internationale dans la rubrique Meilleure destination européenne (Porto en 2012 et 2014, Lisbonne en 2010 et 2013) par les internautes. En 2013, Porto avait aussi été élue Meilleure destination par le guide Lonely Planet.
Attirer de nouveaux touristes
Cette présence du Portugal dans la presse internationale n'est pas le fruit du hasard mais d'une stratégie publicitaire visant à attirer de nouveaux touristes. Ainsi, selon un article du Público daté du 2 juin, le pays investit de plus en plus dans une communication par l'intermédiaire d'Internet, ce qui a permis de réduire de 30 % les coûts. Selon le quotidien, ces quelque 400 campagnes, "déclinées sur 13 marchés nationaux différents en 11 langues", utilisent essentiellement Google (Google adWords et Google Display), Facebook et YouTube.
Selon l'hebdomadaire Expresso, le Portugal espère accueillir plus de 500 médias étrangers en 2014. En 2013, cette stratégie avait débouché sur plus de 10 000 articles sur le pays, ce qui équivaudrait, selon l'hebdomadaire portugais, à plus de 480 millions d'euros en publicité. De plus, selon Luis Matoso, administrateur du tourisme au Portugal, "nous avons un pays propice aux productions [vidéos] et nous sommes de plus en plus abordés par des sociétés de production étrangères pour des tournages de vidéoclips". Quelque 48 millions d'euros seront investis en 2014 dans la promotion de ce débouché.
Le pays est aussi à la recherche de nouveaux publics. Ainsi, selon un article du 10 février publié dans Expresso, le Portugal cherche à "conquérir le tourisme juif". En effet, ravivant son passé de culture judaïque, le pays cherche à attirer un public en pleine expansion (plus 50 % en 2013), notamment dans le domaine du tourisme religieux. De la même façon, Expresso, dans son numéro du 31 mai, explique comment un directeur du Tourisme du Portugal (institution officielle pour la promotion du pays à l'étranger) a été nommé en poste permanent à Pékin.
Les visas dorés
Promus en octobre 2012 par l'ancien ministre des Affaires étrangères portugais – aujourd'hui devenu vice-Premier ministre – Paulo Portas, la politique des "visas dorés" (ou le Golden Residence) a ramené, selon l'hebdomadaire Jornal Económico daté du 5 juin, quelque 306 millions d'euros au Portugal sur la seule année 2013. Cette mesure imaginée pour remédier à la fuite de capitaux en temps de crise permettait de délivrer des visas de résidence dans l'espace Schengen en échange d'un investissement de plus d'un million d'euros, d'un achat foncier dépassant les 500 000 euros ou de la création pérenne d'au moins 10 postes de travail sur le territoire lusitanien. 
Les ressortissants chinois ont été les plus demandeurs. Un article du South China Morning Post titrait le 3 mars : "Olá Lisboa ! Les milliardaires chinois monopolisent les visas portugais". Selon le journaliste Patrick Boehler : "Si la mesure a soulevé peu d'intérêt au départ, il a augmenté rapidement après que les critères de durée de séjour ont été ramenés de 30 à 7 jours." Le 24 mars, sur les 772 visas octroyés par le gouvernement portugais, 612 l'avaient été au bénéfice de citoyens chinois. Malgré le succès économique de cette mesure, elle est soupçonnée de servir d'échappatoire à des criminels poursuivis pour évasion fiscale ou corruption (voir la revue de presse : "Le Tampon de la fraude sur les visas dorés").
Eldorado pour retraités européens
"Le Portugal, Eldorado fiscal des retraités étrangers", titre Visão du 4 juin. L'hebdomadaire portugais revient sur ce nouveau phénomène, amorcé par l'exonération fiscale accordée par l'Etat aux citoyens européens retraités. Cette loi, appliquée depuis 2012, attire notamment les Français. En 2013, près de 1 078 demandes ont été enregistrées. Séduits par le climat, le coût de la vie, les retraités s'installent dans la capitale portugaise, au bord de la mer ou à la campagne.
Côté portugais, ce phénomène suscite des inquiétudes. Dans un article du Público daté du 6 juin, le responsable municipal du quartier de la Baixa [plein centre de Lisbonne] Manuel Salgado indique que "la fièvre hôtelière est en train de détruire l'identité [architecturale et sociale] de la Baixa".
Selon Visão, "la chaîne d'agences immobilières Remax estime que les demandes d'achat de la part d'étrangers a augmenté de 300 %". "Lisbonne et l'Algarve continuent d'être les zones les plus recherchées. Néanmoins, nous avons assisté à un développement de ce marché dans la zone Nord et les îles [Madère et les Açores] commencent également à être recherchées par les clients étrangers", déclare la responsable marketing de l'agence Remax, Marta Dotti. Federico Abecassis, directeur de l'agence immobilière Luxus, assure : "Le Portugal est devenu un pays trendy, il est à la mode pour les riches du monde entier."
Courrier International - France

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