1.5.16

Texte - A l'école à Saint-Vincent

Comme la vie passe vite au gré de tant d’imbéciles rencontrés au passage…

De mes souvenirs d’école il me reste un, parmi d’autres, passage marquant. Je ne sais dans quel Pays, école, époque, il y avait un élève délicat, intelligent, calme que tous appelaient la « fillette »… Je ne me souviens plus de son nom ; seul j’ai présent son souvenir de garcon délicat qui n’aimait pas trop se joindre aux jeux de brutes auxquels nous nous livrions quand nous en avions le temps, c’est-à-dire, constamment !

Je transportais ma petite sœur, Christine, à l’école des filles et, entre son domaine et le parvis de Saint-Vincent, j’entrais dans le beau et brutal royaume…

Les profs, Pène, Passicousset, Lataste, Guichemère étaient bons ! Ils enseignaient bien à grands coups de baffes qui arrivaient souvent en temps opportun.

Et, grandeur de la méthode, cela donnait des résultats au-delàs de l’espérance !

A la « récré » toute la frustration d’une vie familiale moins réussie se réglait et jouait là ! Entre deux cours à Saint-Vincent c’était « yo pour le roi » une espèce de jeu de pelote stupidement adapté aux règles des « costauds »… Valait mieux être viril car il ne s’agissait pas simplement, au milieu de la confusion, de « chopper » la balle : encore fallait-il ne pas se la faire prendre par l’andouille immensément costaud et la probable « tabassée » qui pouvait s’en suivre...

Ce jeu, au demeurant intéressant, finissait invariablement par une bagarre générale interrompue par la sonnerie indiquant la fin de la « récréation »…

Comme je comprends, aujourd’hui, que la « fillette » ne voulût point se joindre à ce jeu « à la con » ; si j’avais pu saisir à l’époque son idée, peut-être que je n’y aurais jamais participé…

La « fillette » (j’en ai marre je l’appellerai Jean désormais) subissait tous les sévices de cette virilité campagnarde, sans dire mot… je le comprenais mais ne m’empêchais pas de me placer du côté des « hommes »… J’ai un grand regret rétrospectif : ne pas m’être opposé à la bande de brutes dont je faisais partie…  
Parfois, le mercredi surtout, nous nous aérions allant jouer au « ruby » du côté du Gond… Avec mes frêles 65 kilos, je ne faisais pas trop le poids ni le fier ; mais je jouais, quand-même, profitant de ma vitesse pour éviter l’affrontement; souvent cela marchait, jusqu’au jour où, sur un terrain very boueux, après quelques feintes de passe, regardant à gauche et à droite, je suis venu m’empaler sur un « mamouth » qui, (d’après Jean qui assistait au spectacle), traînait à cet endroit, immobile depuis pas mal de temps, dans l’espoir d’attraper la brêle qui se présenterait ! Et le le coup de corne fut si rude que j’ai dû reculer de beaucoup de mètres…

Mais, dans l’enthousiasme de la narration, j’ai complètement oublié le pourquoi de ce post…

Si je ne suis pas éternel, du moins j’ai quelque peu vécu.

Ma vie (mes vies) a été passionnante. Je souhaite la même à tous ceux qui me survivront !

Un jour vous lirez ces quelques mots – le plus tard possible – et vous penserez, des étoiles dans les yeux : c’était vraiment un sacré man !

Bordeaux, le 30 avril 2016.

JoanMira

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