25.7.15

Pourquoi le Portugal s’est opposé à la restructuration de la dette grecque



Un entretien avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker publié le 22 juillet dans le quotidien Le Soir fait les titres de la presse portugaise. En effet, le patron de la Commission européenne, qui s’est exprimé en détail sur le déroulé des négociations de la zone euro a déclaré que le Portugal, l’Espagne et l’Irlande auraient bloqué une possible renégociation de la dette grecque pour de simples raisons de calendrier électoral. 
J’ai dit il y a plusieurs mois à Tsipras que la question de la dette allait être soulevée et que nous la résoudrions, à partir du moment où ils appliqueraient les premières mesures de fond. Dans les conclusions du Conseil, il y a cette note : ‘après la première évaluation’. Moi, dans le premier texte que les Grecs ont refusé, j’avais proposé octobre, pour que Tsipras remporte une victoire. Mais cette date a finalement été rejetée par certains pays comme l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, car ils ne désiraient pas [qu’on le fasse] avant les élections [prévues à compter d’octobre dans ses trois pays]” a-t-il déclaré au journal belge.
 

Des “demi-vérités”

Le Premier ministre portugais a tout de suite réagi à ce qu’il a qualifié de “demi-vérité” et de “malentendu”Cité dans l’hebdomadaireExpresso, Pedro Passos Coelho s’explique : “Il doit y avoir confusion dans la tête du président de la Commission européenne. De fait, il est vrai que l’Espagne, l’Irlande et le Portugal ont demandé à ce que la première discussion sur les conditions à offrir à la Grèce pour améliorer le profil de sa dette se déroule après une évaluation complète et réussie. Parce que cela nous paraissait important de créer les conditions de confiance entre tous [les membres de la zone euro].”
Sceptique sur les déclarations du Premier ministre portugais, le journal Público pose une simple question dans son édito : “Est-ce qu’ils ne raconteraient pas tous un peu des ‘demi-vérités’ ?”

Le Portugal à la source de la solution et du problème

Ces déclarations jettent un peu plus le discrédit sur l’action du gouvernement portugais dans la résolution de la crise grecque. A son retour de la réunion des leaders européens à Bruxelles, Pedro Passos Coelho avait déclaré en toute modestie à la presse portugaise : “La solution qui a fini par débloquer le dernier problème posé est partie d’une idée que j’ai suggérée.”
Cette déclaration a évidemment suscité la risée de la presse portugaise. Daniel Oliveira, chroniqueur à Expresso, ironise : “Soudain, Passos Coelho est devenu le pacificateur modéré de l’Europe. On ne comprend pas pourquoi il ne s’est pas déjà mis en route vers le Moyen-Orient pour résoudre l’éternel conflit israélo-palestinien et pourquoi on ne le propose pas pour le prix Nobel de la paix.”

Les élections en ligne de mire

L’opposition n’est d’ailleurs pas en reste. António Costa du Parti socialiste portugais a aussitôt rétorqué que le dénouement des pourparlers avait été permis “par l’action des socialistes européens”, s’octroyant sans états d’âme la visibilité des actions de Renzi et Hollande. 
Terrorisés à l’idée de la contagion de la zone euro par la crise grecque, les principaux partis en lice pour les prochaines élections législatives portugaises ont mis les récents événements au centre d’une campagne monotone. Ces élections se tiendront le 4 octobre.
Courrier International - France

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