29.5.11

LE SUICIDE DE ROBERT ENKE (QUI A ETE GARDIEN DE BENFICA)

Le 11 novembre 2009, l'annonce du suicide de Robert Enke, alors qu'il allait être le gardien de but de la Nationalmannschaft pour le Mondial 2010 avait ému toute l'Allemagne, et tous les passionnés de football. Une tragédie à laquelle « Plonger », de Bernard Chambaz, donne sa dimension politique, poétique et individuelle.

« Nous sommes tous sous le choc, les mots nous manquent », avait dit Oliver Bierhoff, manageur de l'équipe nationale.
Quelque part, « Plonger » trouve les mots qui font comprendre comment cet homme de 32 ans, devenu fraichement le gardien de l'équipe nationale après avoir été longtemps la doublure de Jens Lehman, a préféré se jeter sous un train.
Bernard Chambaz a compris que cet homme n'avait pas supporté la mort de sa fille en 2006, alors qu'il avait construit sa vie et sa carrière autour d'elle.
Chambaz a compris en quoi, pour ce gardien, le plongeon désigna celui de l'homme vers la dépression autant que l'envol du sauveur et de l'homme libre se saisissant du ballon sur la ligne de but.
Mêlant Garrincha à Rosa Luxembourg, Hegel, Cantona ou Stanley Matthews, « Plonger » est un livre de football sur l'Allemagne, sur l'Europe, sur l'idée du communisme. Un vrai livre sur le sport intime et politique. (Voir la vidéo)

Qu'avez-vous ressenti au moment où vous avez appris le suicide de Robert Enke ?
C'était, je me rappelle, le soir, tard. Je regardais une chaîne d'info, sans le son, ce que je fais souvent à ces heures tardives. Tout à coup, j'ai vu son visage, et j'ai compris en peu de temps qu'il était mort. Puis qu'il s'était donné la mort.
De Enke, comme je m'intéresse au foot, je ne connaissais que son poste de gardien de but de l'équipe d'Allemagne. Mais je ne connaissais pas sa vie. Je savais juste qu'il avait joué à Iéna (ex-RDA), la ville où Hegel avait postulé « La Fin de l'histoire », suite à la bataille du même nom.
J'ai appris ensuite qu'il avait perdu sa fille trois ans auparavant, et ce fut là le coup de gong. Une émotion considérable. En effet, ma femme et moi avons également perdu notre enfant, il y a dix-neuf ans. Si les deux étaient en vie, notre fils aurait le même âge qu'Enke aujourd'hui.
Dès le lendemain de l'annonce du suicide, j'ai donc su que j'allais écrire le livre de sa vie : cette mort fut à la fois le point de départ et d'arrivée du livre. Bien sûr, je ne dis pas un mot de tout ça dans mon récit, car l'impératif de ce dernier, c'est Enke, pas de moi. Je pense, comme le dit le bandeau, qu'on ne se console pas de la mort d'un enfant.
C'est donc par la tragédie que vous avez écrit sur le football ?
Oui. Je cherchais depuis longtemps à faire l'équivalent footballistique de « Courir » de Jean Echenoz, autour d'Emil Zatopek. J'avais déjà écrit sur le cyclisme et Fausto Coppi dans « Evviva Italia », mais, y ayant joué durant vingt ans en FSGT, et malgré tout ce qu'il y a de triste dans le football actuel, je voulais écrire dessus.

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