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30.7.12

Polonium : pourquoi c’est un poison?


Portrait de Yasser Arafat dans une rue de Gaza. Des examens conduits par un laboratoire suisse ont révélé des traces anormalement élevées de polonium, un élément chimique radioactif, dans les effets personnels de l'ancien dirigeant palestinien, décédé à l'hôpital militaire de Percy en France en 2004. /Photo d'archives/REUTERS/Suhaib Salem
(c) Reuters
A la suite d'un soupçon d’empoisonnement au polonium, le corps de Yasser Arafat va être exhumé et analysé, tandis que la Ligue Arabe a donné son accord pour l’ouverture d’une enquête internationale sur la mort du leader palestinien. Quelles sont les caractéristiques du polonium ? Comment cette substance radioactive peut agir sur l’organisme ? Décryptage.

Une présence naturelle
Le polonium 210 est présent naturellement en suspension dans l’air, à hauteur de 50 becquerels par mètre-cube (ce qui est une quantité minime) et de manière plus prononcée dans des lieux aussi particuliers que des zones d’activité volcanique ou d’anciennes exploitations d’uranium. Elément chimique peu mobile, le polonium ne pénètre que les couches superficielles du sol. Enfin, le corps humain en contient à raison de quelques dizaines de becquerels. « On trouve aussi du polonium 210 dans la fumée de cigarette, note Jean-René Jourdain, radiobiologiste à la direction de la protection de l’homme de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, mais il ne vient pas du tabac lui-même: il s’agit de résidus issus des engrais phosphatés utilisés pour cultiver les plants. » Arafat était-il fumeur au moment de sa mort ? Si c’est le cas, les traces de polonium dans son organisme pourraient venir de là – sans pour autant que cette substance ait provoqué le décès du leader palestinien.

100% alpha

Le polonium 210 a une rare particularité : c’est un émetteur de particules alpha à quasiment 100%. Les autres éléments radioactifs sont tous à la fois émetteur de gamma et d’alpha. Le polonium est donc un élément lourd, qui a un trajet très court dans la matière. Des vêtements ou une simple feuille de papier devant la source suffisent à stopper l’émission. Idem pour du polonium contenu dans une gélule. Résultat : le polonium 210 est difficile à repérer ; il passe notamment les portiques détecteurs de radioactivité dans les aéroports. En fait, on ne le trouve que parce qu’on a déjà des soupçons et qu’on le cherche, avec une sonde alpha. Mais c’est cette concentration alpha qui rend le polonium 210 très toxique car il diffuse toute sa radioactivité en un même point.

Plus toxique que du cyanure du potassium

Un microgramme de polonium 210 diffuse 166 millions de becquerels ! Un à dix microgrammes suffisent à tuer quelqu’un. Plus toxique que du cyanure. Mais l’élément doit être ingéré par la victime. Soluble, le polonium circule alors dans le corps et se fixe au niveau des reins, de la rate, du foie et s’en prend aux cellules de la moelle osseuse. « Il détruit la fabrication des globules blancs ce qui explique la perte d’immunité et l’aggravation du risque de maladie, n’importe laquelle » explique Jean-René Jourdain. Il reste difficile d’établir les symptômes exacts d’un tel empoisonnement, et pour cause : le cas Arafat ne serait que le deuxième… Une chose est sûre cependant, il est impossible de synthétiser du polonium dans un laboratoire clandestin, façon appartement de terroristes… Il faut au moins un réacteur nucléaire de recherche. Ainsi, si le poison peut être difficile à détecter, l’empoisonneur risque de l’être beaucoup moins.
Arnaud Devillard
Sciences et Avenir
24/07/12

28.7.12

Un grand pas réalisé à Genève dans la lutte contre le diabète



Paolo Meda, professeur au Département de physiologie cellulaire et métabolisme de la Faculté de médecine: «En ajoutant la protéine CX36 à l'alimentation d'un diabétique, il serait possible de combler le manque d'insuline chez le patient.»

Des chercheurs de l'Université de Genève auraient découvert la clé au problème du diabète de type 2. Cette maladie, génétique et héréditaire, provoque une perte allant, dans certains cas, jusqu'à 50% des cellules d'insuline présentes dans l'organisme. Et sans insuline, le taux de sucre dans le sang est tout simplement ingérable, provoquant de graves troubles cardiovasculaires. Mais selon Paolo Meda, professeur au Département de physiologie cellulaire et métabolisme de la Faculté de médecine, son équipe et lui-même ont réussi à «déceler la protéine responsable de réguler le taux d'insuline dans le sang».
Protéine miracle?
«Nous avons remarqué que lorsque nos cellules produisent de l'insuline, elles provoquent aussi la création d'une autre protéine, nommée CX36.» Le professeur, épaulé par Sabine Bavamian et Helena Pontes, ont extrait cette substance de l'organisme de souris cobayes et de cellules végétales, pour un résultat très explicite: «Nous avons pu constater que la production d'insuline était indissociable de celle de la CX36 et que la seconde avait pour but de contrôler la première.» Puis l'expérience a été réitérée sur des tissus humains, avec un résultat identique. En ajoutant donc cette protéine à l'alimentation d'un diabétique, il serait possible de combler le manque d'insuline chez le patient.
«Le problème est que la protéine en question n'est présente qu'en faible quantité dans l'organisme, et qu'elle est quasiment indétectable par les techniques de mesures habituelles», explique Paolo Meda. C'est pourquoi une nouvelle méthode d'investigation a été envisagée. La Juvenile Diabetes Research Foundation (USA) et le Fond national suisse de recherche scientifique, ont décidé de faire appel au service de Bio-Imagerie de la Faculté de médecine de l'UNIGE. Cette coopération devrait permettre aux chercheurs d'être plus efficaces.
Selon les scientifiques, cette collaboration a déjà porté ses fruits. Leur objectif est maintenant de découvrir des molécules stimulant la CX36, avec l'espoir final de découvrir la formule chimique destinée à servir de base à un médicament. Mais des solutions restent à trouver quant à sa production. C'est pourquoi une commercialisation n'est pas envisagée avant trois ans, au minimum...