"Le Venezuela importe du pétrole pour la première fois dans son histoire", titre El Universal à Caracas. Un porte-conteneurs en provenance d'Algérie devrait arriver le 26 octobre sur les côtes vénézuéliennes avec quelque 2 millions de barils d'un pétrole algérien ultraléger, dénommé Saharan Blend.
La compagnie pétrolière de l'Etat du Venezuela (PDVSA) n'a pas confirmé la nouvelle, diffusée le 16 octobre par l'agence Reuters. Il s'agit pourtant d'une "atteinte à la souveraineté d'un pays qui compte les plus grandes réserves pétrolières au monde", note le quotidien espagnol El País, qui ajoute que "la chute des prix du pétrole aggrave la crise économique du Venezuela".
Un pétrole trop lourd
De fait, l'importation de ce pétrole algérien léger est destiné à réduire le coût de la transformation du pétrole lourd issu des gisements de la ceinture de l'Orénoque, dans le nord-est du Venezuela. Avant d'être exporté, ce brut doit être mélangé à un solvant, et l'industrie pétrolière vénézuélienne utilise habituellement du naphta lourd pour cette opération. Mais le coût élevé du naphta pèse sur les comptes de la PDVSA, surtout dans le contexte actuel de baisse des prix du baril sur le marché, privant le Venezuela d'une provision de devises. Le gouvernement de Nicolás Maduro a donc choisi de s'approvisionner en pétrole léger d'Algérie pour l'utiliser comme solvant moins coûteux que le naphta.
Le président Maduro a par ailleurs sollicité auprès de ses partenaires de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) une "réunion extraordinaire pour analyser le comportement des prix du brut", note El Universal. Selon un économiste cité par El País, le Venezuela aurait besoin d'un prix du brut à 120 dollars le baril pour espérer maintenir ses dépenses publiques actuelles. "Un prix impensable dans le contexte actuel du marché", précise El País, puisque le cours actuel est de 80 dollars.
"Maduro écarte toute idée que la chute des prix du pétrole affecte l'économie [du pays]", relaie pourtant El Universal. Mais qu'il nie l'évidence ou non, le pouvoir vénézuélien est confronté à une réalité sous-jacente aux caprices des cours du pétrole : l'état déplorable de son industrie pétrolière, rapporte El Nuevo Herald à Miami. Pour Humberto Calderón Berti, ancien président (vénézuélien) de l'Opep, qui a été ministre de l'Energie et des Mines avant l'ère Chávez, "cette industrie a été détruite dans sa quasi-totalité et nous avons perdu une grande partie de notre capacité de production".
Courrier International - France
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire