Fondateur du mythique Velvet Underground, Lou Reed, décédé
dimanche à l'âge de 71 ans, est un des chanteurs qui, sur fond de tristesse, ont
forgé le rock. Cet homme, qui avait subi une greffe de foie au printemps, se
définissait d'abord comme "new yorkais". Il est mort non loin de là, sur l'île
de Long Island.
Il a connu une enfance aisée et dès cinq ans, il s'adonne au
piano. Et à l'adolescence, c'est la passion, pour le rock, mais aussi le free
jazz. En 1958, - il a 16 ans -, il enregistre So Blue dans le style "doo
wop", qu'il affectionne.
L'affaire de sa vie, c'est le groupe Velvet Underground, dont
il était guitariste et chanteur, et qui abordait des thèmes généralement noirs
ou difficiles : tensions sociales, racisme, drogue, transsexualité, crime. Il
fréquente alors Andy Warhol, le pape du pop art, chez qui le groupe se produit
fréquemment au sein de la Factory.
Pourtant, ce groupe ne vivra "officiellement" que de 1965 à
1971, avec seulement quatre albums. Au départ, c'est la rencontre avec un
bassiste classique gallois, John Cale, qui enregistre You're Driving Me
Insane et Cycle Annie chantés par Lou Reed.
Toujours d'apparence décontractée, visage tourmenté, ridé et
paradoxalement resté juvénile au fil des ans, de grands yeux noirs et tristes,
Lou Reed a largement évoqué ses problèmes avec la drogue et l'alcool. Véritable
"bête de scène", il n'hésite pas à choquer un public généralement jeune, comme
dans son chef d'oeuvre Heroin. Le guitariste Sterling Morrison, la
chanteuse Nico, et Maureen Tucker à la batterie rejoignent le groupe. Ils font
la musique de nombre de films d'amateurs. Une salle où ils enregistrent à Los
Angeles est fermée pour "pornographie".
Le premier album, contient des titres restés célèbres: I'm
Waiting for the Man, European Son, Sunday Morning, et bien sûr
Heroin. Peu prisé au début, ce groupe est considéré comme l'inspirateur
du mouvement punk.
Après la séparation du Velvet, il se lance seul dans la
chanson, et Kill my sons rappelle son passé douloureux et les
électrochocs prescrits pour soigner ses "tendances homosexuelles". Et c'est en
solitaire qu'il atteint le sommet de sa carrière. En 1972, David Bowie produit
l'album Transformer, avec ce qui restera comme ses titres les plus connus
Walk on the wild side ou encore Perfect Day.
Après les Etats-Unis, il se tourne vers l'Angleterre. En 1972 y
parait un disque, baptisé Lou Reed, avec I can't Stand it,
Oceane et, autre chef d'oeuvre, Berlin.
Trois ans plus tard, il s'essaie, encore une audace, au
bruitage électronique, sur les quatre faces du double album Metal machine
music. La critique y voit son "suicide artistique", difficilement
écoutable.
Néanmoins, il repart. En 1978, c'est Take no Prisoners,
un album live dans lequel il reprend ses plus grands morceaux
En 1989, Lou Reed change de style, adoptant le "parlé chanté",
avec New York, hommage à sa ville natale. D'autres textes sont des
combats contre le sida (The Halloween Parade) ou la pauvreté (Dirty
Boulevard).
Il retrouve son ami John Cale en 1990, et le Velvet Underground
se reforme dans les années 90, sous l'impulsion de la femme de Lou, Sylvia -
dont il divorcera - le temps d'une série de concerts, notamment en France, à
Jouy-en-Josas. Avec Cale, il publie un album hommage à Andy Warhol, leur
inspirateur des années velvet Underground.
Mais Lou Reed s'éloigne peu à peu du grand public, s'isole. En
2000, il sort Ecstasy, assurant ne s'être pas drogué depuis vingt ans. Le
12 avril 2008, il épouse sa compagne, l'artiste expérimentale Laurie Anderson.
En 2010, il participe au groupe-concept de Damon Albarn (ex-Blur), Gorillaz. Il
chante Some Kind of nature :
V.V. (avec AFP) - leJDD.fr
lundi 28 octobre 2013