1.7.11

Farines animales: le saumon meuglera, et la truite grouinera



Le 7 juin dernier, à Strasbourg, le CNA (Conseil national de l’alimentation) a présenté un rapport, qui sera rendu définitif en septembre, concernant le retour des farines animales dans l’alimentation des animaux destinés à la consommation. Précisions de Frédéric Freund, directeur de l’OABA (Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs).
Farines animales, le retour, conformément à ce que vous nous aviez annoncé en août 2010. Qui l’a décidé?
Le groupe de travail du CNA est composé de nombreux représentants de la filière de l’agroalimentaire. Quand on sait que la filière fait des pieds et des mains depuis plusieurs années pour obtenir le retour de ces farines, on comprend mieux le contenu de l’avis du CNA. Notons qu’aucune association de protection animale n’a été invitée à siéger dans ce groupe de travail. Visiblement, ce que mangent les animaux ne les concerne pas. Rappelons-nous toutefois les conséquences de la maladie de la vache folle, avec ces abattages à la pelle de vaches et de veaux. Le scandale alimentaire a eu d’énormes répercussions en termes de protection animale. Décidément, nos hiérarques ont la mémoire courte…
Quels animaux seront-ils concernés?
Les «experts» du CNA envisagent d’autoriser le retour des farines animales en deux temps: d’abord limiter l’autorisation de ces farines au secteur de l'aquaculture, dans l’alimentation des poissons, puis, «après un bilan bénéfices/risques», et en fonction des résultats obtenus, une décision sera prise pour les porcs et les volailles. Les poissons vont devenir les nouveaux cobayes de l’industrie agroalimentaire. Ce sont surtout les réactions des consommateurs qui seront observées, encore faut-il qu’ils soient informés sur ce qu’ils mangent. Or nous savons que le ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture n’est pas un fervent défenseur de l’information… Le débat actuel sur l’étiquetage du mode d’abattage des animaux nous le prouve ! On imagine mal des étiquettes «saumon élevé en France et nourri avec viandes et os de vaches et porcs». Les consommateurs mangeront leur poisson sans savoir comment il a été élevé. De toute façon, qui s’en soucie? À part peut-être les musulmans et les israélites, pour lesquels le porc est interdit…
Et si la maladie de la vache folle revient, modifiée?
Si demain ou après-demain les poissons crèvent, si les porcs se dévorent entre eux, si les poulets deviennent immangeables et si une nouvelle forme de Creutzfeldt-Jakob apparaît, nos politiques prendront leurs responsabilités: ils indemniseront les éleveurs et les industriels, demanderont rapports et commission d’enquête, et affirmeront haut et fort qu’ils sont responsables mais non coupables.
CHARLIE HEBDO

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