3.7.11

Contre toute censure: ni délit de blasphème, ni délit d'outrage!

 l’outrage au drapeau français, pour protester contre la loi du 18 mars 2003 qui réprime le fait d’outrager publiquement l’hymne national ou le drapeau tricolore, Charlie Hebdo appelle tous les citoyens à résister à la censure. En tournant en ridicule, en détruisant ou en souillant le symbole de la République, le citoyen ne fait qu’exprimer une opinion. Il ne s’agit pas de détruire un bien matériel appartenant à autrui, il s’agit de montrer qu’une république laïque ne peut décider pour ses citoyens quel symbole est sacré ou non. Nous avons lutté pour que ne soit pas reconnu le délit de blasphème en France à l’égard des religions, nous lutterons de la même manière pour que l’on abolisse le délit de blasphème à l’égard de la République.
Souvenez-vous, tout est allé très vite.
6 mars 2010. La Fnac de Nice donne le résultat d’un concours de photos amateur. Pour illustrer le thème « Politiquement incorrect », un concurrent a réalisé un cliché montrant un homme en train de s’essuyer le cul avec le drapeau tricolore. Cette photo, primée par le jury, a été publiée le 19 mars dans le journal gratuit Metro. Protestations de la part du préfet, du président UMP du conseil général et d’anciens combattants. Michèle Alliot-Marie, garde des Sceaux, et Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, s’indignent à leur tour.
25 mai 2010. Louis Nègre, sénateur UMP des Alpes-Maritimes, révèle qu’il a déposé une proposition de loi qui vise à sanctionner les outrages aux emblèmes nationaux.
1er juillet 2010. On apprend par la presse que deux salariés de la Fnac font l’objet d’une procédure de licenciement pour faute grave. Selon la direction de l’entreprise, ils sont responsables d’avoir «validé» le scandaleux résultat du concours photographique.
23 juillet 2010. Le décret réprimant l’outrage au drapeau est publié au Journal officiel.
«De l’outrage au drapeau tricolore
«Art. R. 645-15.-Hors les cas prévus par l’article 433-5-1, est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe le fait, lorsqu’il est commis dans des conditions de nature à troubler l’ordre public et dans l’intention d’outrager le drapeau tricolore:
«1° De détruire celui-ci, le détériorer ou l’utiliser de manière dégradante, dans un lieu public ou ouvert au public;
«2° Pour l’auteur de tels faits, même commis dans un lieu privé, de diffuser ou faire diffuser l’enregistrement d’images relatives à leur commission.
«La récidive des contraventions prévues au présent article est réprimée conformément aux articles 132-11 et 132-15.»
Il n'y a pas de couleurs sacrées
27 septembre 2010. La Ligue des droits de l’Homme annonce avoir déposé devant le Conseil d’État un recours contre le décret du 21 juillet 2010. La LDH considère que ce décret est «en violation de la Constitution et du principe de liberté d’expression». La LDH n’a, semble-t-il, reçu aucune réponse.
21 décembre 2010. M. Saïdi est condamné en vertu du nouveau décret à 750 euros d’amende avec sursis pour avoir brisé la hampe d’un drapeau tricolore dans une préfecture (voir Charlie Hebdo n° 967, page 14).
Et après?
Vous êtes français? Outragez le drapeau français! Prenez en photo ou filmez votre forfait, et envoyez le résultat à Charlie Hebdo . Notre sévère jury de blasphémateurs publiera les œuvres les plus intéressantes. Vous êtes étranger? Outragez vous aussi votre drapeau national! Afin de ne pas être accusé de nationalisme, chacun s’en prendra à ce qui est censé être son drapeau. Au boulot.
Charb
Article paru dans Charlie Hebdo n°968

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