C’est une vraie révolution dans le paysage politique espagnol. Les deux grands partis traditionnels, le Parti populaire (PP) de la droite conservatrice et le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol), social-démocrate, qui se sont partagé le pouvoir depuis 1977, ont fléchi face aux partis émergents.
Podemos (“Nous pouvons”), du jeune Pablo Iglesias (37 ans), anti-austérité, issu du Mouvement des indignés (2011-2012), dit de “gauche radicale”, et Ciudadanos (“Citoyens”), d’Albert Rivera (36 ans), de centre droit, qui lutte contre la corruption de la droite et les nationalismes centrifuges (Catalogne, Pays basque, etc.) feront leur entrée à la Chambre des députés.
Selon les résultats définitifs, repris dimanche à 23 heures, par le site Infolibre le PP arrive en tête, avec 28,7 % des voix, suivi du PSOE, 22 %, puis de Podemos, 20,5 %, et de Ciudadanos, 14 %. Mais les choses se compliquent en nombre de sièges dans la future Chambre des députés. La loi électorale espagnole, en grande partie proportionnelle, donne cependant un avantage aux forces implantées sur tout le territoire, au détriment des nouveaux partis.
Le problème de Podemos
Ainsi Podemos n’obtient que 69 députés, beaucoup moins que le PSOE (90) malgré la faible différence de voix entre ces deux partis de gauche. Ciudadanos atteint 40 sièges, avec un PP largement en tête, 123 députés, un résultat cependant très insuffisant pour gouverner seul dans une chambre de 350 membres, comme il le faisait depuis 2011 – 186 sièges. Et une alliance PP-Ciudadanos semble très improbable. Sans compter que, de toute façon, cette hypothétique alliance n’arriverait pas à une majorité absolue (176 sièges). Tout comme une alliance éventuelle entre les socialistes et Podemos.
Du coup, personne n’est capable de prédire qui sera le prochain président du gouvernement. “La menace de la non-gouvernabilité va marquer le jour d’après le 20 décembre, écrit le site du quotidien El País, car il manque un accord de plus de trois partis pour obtenir les 176 sièges de la majorité absolue.” Quelques commentateurs politiques prédisent d’ailleurs des élections anticipées au printemps prochain : “Certains dirigeants du PSOE n’excluent pas des élections en mai, avance le site Infolibre qui nuance cependant : L’égalité entre les deux blocs gauche-droite est totale, mais les nationalistes catalans [9 élus] et basques [6] pourraient décider d’une majorité.” Mais dans quel camp ?
Qui va gouverner ?
Désormais le gouvernement du PP de Mariano Rajoy est simplement “en fonction”, avec des pouvoirs limités, précise El Mundo :”Il faudra attendre le 13 janvier, la date légale fixée par la loi, pour procéder à l’installation de la nouvelle Chambre des députés.” Comme dans toute monarchie constitutionnelle, le roi Felipe VI sera tenu d’appeler le leader du parti arrivé en tête, le PP, pour lui demander de former un nouveau gouvernement.
El Mundo prédisait avec justesse avant les résultats que “le vainqueur d’aujourd’hui aura[it] le moins de sièges depuis le retour de la démocratie”, en 1975, après la mort du dictateur Franco : “C’est un rendez-vous avec l’Histoire. Les urnes vont mesurer l’usure du bipartisme.”
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