2.8.14

Panique dans le monde financier au Portugal

Détail de la une du quotidien i du 31 juillet 2014.

"La BES [Banco Espírito Santo] tremble. Des pertes de 3 577 millions d'euros", titre ce 31 juillet le quotidien portugais I. Le deuxième établissement financier du pays, la banque Espírito Santo, créée à la fin du XIXe siècle, traverse depuis quelques semaines une tempête sans précédent.

Alors que la BES semblait avoir été épargnée par la crise financière et économique de 2008 au Portugal, un audit indépendant des comptes du principal actionnaire, la holding Espírito Santo Financial, a révélé en mai 2014 des irrégularités et a conclu que la société présentait des risques financiers graves. Cette nouvelle a fait chuter de façon spectaculaire les actions BES à la Bourse de Lisbonne, qui a décidé d'exclure le titre d'Euronext Lisboa le 21 juillet. Depuis, la famille qui dirige la banque a été écartée du capital et Ricardo Salgado, qui en a pourtant été l'administrateur pendant vingt-trois ans, a été mis en examen.

Des résultats qui dépassent les prévisions les plus pessimistes

L'annonce des pertes records de la BES – la plus grande perte de l'histoire managériale au Portugal – a provoqué une avalanche de réactions dans la presse et notamment dans le journal I, qui y voit des "résultats qui dépassent les prévisions les plus pessimistes". A sa une, le quotidien met en scène un flan de couleur verte, allusion ironique à la fragilité financière, longtemps insoupçonnée, de la banque (le vert étant la couleur emblématique de la marque BES).

Toujours sous le coup d'une enquête mandatée par le Département d'enquête et d'action pénale (Diap), de nombreuses autres failles et irrégularités sont révélées au grand jour. I explique, par exemple, qu'en 2008 "la BES a gagné 5,9 millions d'euros dans l'achat et la revente d'actions de l'EDP [compagnie d'électricité nationale]". Ce boursicotage, illégal, avait été opéré en l'espace de cinq jours par trois techniciens. En revanche, selon le quotidien, "la Diap ne croit pas qu'ils aient agi seuls, mais elle n'a pas [encore] trouvé de preuves contre le comité exécutif". En clair, c'est la direction même du groupe qui est soupçonnée d'avoir commandé l'opération.

Aujourd'hui, il est difficile de connaître l'impact que les prochains scandales à propos de la gestion de la banque auront sur l'économie portugaise. Néanmoins, cité par I, l'analyste Pedro déclare : "Une situation de ce type dans une entreprise cotée en Bourse – la BES a été la plus grande banque du pays en terme de capitalisation boursière cette année – affecte l'image de toutes les autres entreprises." Après l'annonce de la hauteur des pertes de la BES, le titre a perdu 26,6% dans la matinée, devenant ainsi la plus grande chute de tous les temps d'une action à la Bourse de Lisbonne.

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