19.10.15

Portugal. Européens, dormez tranquille, notre gauche n’est pas Syriza



On ne sait toujours pas quelle couleur politique aura le prochain gouvernement portugais. Aucune majorité claire n’avait émergé du résultat des élections législatives du 4 octobre et les tractations entre les différents partis n’ont toujours pas abouti.
La solution la plus probable est un gouvernement impulsé par le Parti socialiste (PS), allié au Parti communiste portugais (PCP) et au Bloc de gauche (BE). Ensemble, ces partis ont, de peu, la majorité au Parlement portugais. 
 



La perspective que le Portugal définisse un gouvernement avec la gauche radicale a enflammé une partie de la presse portugaise, résolument opposée à ce type d’alliance. Le tabloïd Correio da Manhã titrait par exemple, le 13 octobre, que “Catarina Martins [leadeuse du BE] fait peur à la Bourse”, citant des “analystes”, sans les nommer, qui mettraient en avant “l’instabilité [économique] provoquée par la possibilité d’un gouvernement de gauche”, car ce jour-là “la Bourse de Lisbonne avait chuté de 3 %”. Avec 110 000 exemplaires, Correio da Manhã est le premier quotidien du pays.

Le tabloïd O Diabo, ancré très à droite, est même allé jusqu’à représenter les leaders de la possible coalition de gauche dans une improbable scène de propagande maoïste – António Costa en Grand Timonier.

Une gauche pro-européenne

Face à ces réactions, António Costa tente de rassurer l’opinion nationale et internationale. Après avoir rencontré le directeur de la Bourse de Lisbonne, il a multiplié les interviews dans la presse étrangère. Le Financial Times, par exemple, titrait le 13 octobre que “les partis de la gauche portugaise sont proches d’un accord pro-européen”.
Dans le quotidien économique anglais, le leader socialiste a soutenu que sa coalition gouvernementale ne mettrait pas en question les fondements européens et internationaux du Portugal : “Il faut abattre les derniers restes du mur de Berlin. Le PS n’est pas passé du côté des partis anti-européens. Nous avons négocié [avec la gauche radicale] un programme commun qui ne mettra pas en question les engagements du Portugal comme membre actif d’une eurozone en danger.”
António Costa​ à Bruxelles
Le Diário de Notícias titrait quant à lui que “Costa prépare l’Europe à un gouvernement International de gauche”. L’article du quotidien cite notamment les déclarations de Costa à l’AFP, où il indique que “l’Europe peut rester tranquille. Le PS n’est pas Syriza.”
Ces entretiens ont provoqué les railleries de certains éditorialistes, comme João Miguel Tavares, qui ironise dans le quotidien portugais Público : Le PS est si européiste, mais si européiste qu’il faut parler français ou anglais pour savoir ce qu’António Costa pense.”
“Costa s’envole pour une offensive diplomatique”, titre le 15 octobre Público. Le leader socialiste était est en effet, le 15 octobre, à Bruxelles, où il est parti  “chercher le soutien” de ses partenaires européens. Il y a rencontré “à titre exceptionnel les représentants des partis socialistes européens”, mais aussi les chefs d’Etat dans une réunion préparatoire au Conseil européen.
Courrier International - France 

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