Sur le quai, les croisiéristes qui attendent d'embarquer à bord du Canadian Pacific, ont le regard émerveillé d'un enfant devant le sapin de Noël. Ils ont rendez-vous avec l'histoire des pionniers partis à la conquête du Grand Nord. Durant quatre jours, le Toronto-Vancouver, autre nom de ce train de légende, remonte le temps au rythme de 60 km/h, traverse trois fuseaux horaires, cinq provinces, neuf villes dont Jasper. Il fait escale ici, à Blue River, le plus vieux magasin général de Colombie-Britannique, resté intact en bordure de voie ferrée.
Dans ce pays qui ne compte que quatre habitants au kilomètre carré, le voyage est dans le voyage : on sait quand on part, on ne sait pas quand on arrive, les trains de marchandises étant prioritaires sur le réseau ferré. Pas de Wi-Fi, pas de téléphone, ni d'écran de télé, juste des voyageurs qui partagent leurs émotions devant les paysages incroyables des puissantes Rocheuses. La quiétude se savoure au fil des 4.466 kilomètres de paysages qui défilent, en constante évolution, interrompue par quelques sérénades de musiciens qui s'acquittent ainsi du paiement de leur billet. « D'un océan à l'autre » (la devise du Canada), l'immensité et la quintessence du paysage se dévoilent confortablement installé dans les voitures Skyline (dôme) aux immenses baies vitrées offrant une vision panoramique sur les vastes prairies.
Le Canadian Pacifique, aujourd'hui géré par la compagnie VIA Rail Canada, emprunte la même ligne ferroviaire que les premiers colons européens. L'histoire de ce train mythique est indissociable du parcours des pionniers qui s'installèrent sur ces immenses territoires. En 1867, naissait le Canada de l'union des provinces du Québec, de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. La Colombie-Britannique, province la plus à l'ouest, rejoint en 1871 cette confédération, ayant obtenu l'assurance de voir la création d'un réseau ferroviaire transcontinental. En 1881, le Canadian pacifique devint le premier réseau ferré transcontinental et disposait, presque vingt ans plus tard, en 1899, d'un réseau de 16.000 km de voies. Le Canadian Pacific fut un véritable outil politique pour le gouvernement de l'époque, permettant la croissance industrielle, le développement social et économique du pays, d'est en ouest.
© Timothy Stevens GFDL
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