6.7.15

Les Grecs ont dit «oxi»


Manifestation de joie dimanche soir après les résultats du référendum donnant plus de 60% en faveur du non.

Trois lettres qui claquent : «oxi» - le «non» - l’emporte. Il gagnerait même nettement, avec plus de 60 % des suffrages après dépouillement des trois quarts des bulletins. Ce référendum historique s’est tenu dimanche à l’issue d’une campagne très tendue. Depuis l’annonce du scrutin il y a à peine une semaine, les opposants au Premier ministre, Aléxis Tsípras, comme la plupart des leaders européens, s’étaient en effet lancés dans une campagne acharnée pour menacer les Grecs du pire, en cas de réponse négative. Jamais lors d’un scrutin organisé dans un pays européen les interventions extérieures n’auront été aussi flagrantes.

MENACES ORALES

Les Grecs sont certes habitués aux ultimatums non négociables depuis le début de la crise de la dette en 2010, mais même à leur niveau d’électrochocs répétés, une telle pression est sans précédent. Menaces orales et asphyxie des liquidités ont créé un climat de psychose d’autant plus fort que le référendum s’est déroulé avec des banques fermées et un contrôle des capitaux. La victoire du non est donc significative et les leaders européens qui ont tenté d’imposer leur propre question (non pas l’acceptation ou non des réformes des créanciers mais un choix pour ou contre l’Europe) devront tirer les enseignements de ce scrutin.
Tout d’abord, malgré l’urgence et les défis supposés pour organiser ce référendum en cinq jours ouvrables, le gouvernement grec a réussi son pari : dans un pays facilement considéré comme bordélique (par les Grecs eux-mêmes d’ailleurs), le vote s’est déroulé dans le calme, sans incident, ni faux pas. Ensuite, la propagande de la peur et les déclarations maladroites jouent toujours contre ceux qui en abusent.
«Dans quel pays peut-on accepter sans broncher de voir Martin Schulz [le président du Parlement européen, ndlr] venir nous expliquer deux jours avant le vote que tout est plié, que le oui va gagner et que notre gouvernement va démissionner pour céder la place à des technocrates ?»s’insurgeait samedi Panagiotis, un ancien cadre dans une entreprise pharmaceutique licencié et devenu malgré lui chauffeur de taxi.«L’Europe est ma maison, ce n’est pas pour autant que j’ai envie que n’importe qui s’arroge le droit de venir dans ma chambre à coucher»,s’indignait-il. «Pourquoi sont-ils à ce point vent debout contre le non, tous ceux qui ont toujours dit oui aux créanciers ?» s’agaçait de son côté Leonidas, quinquagénaire aux tempes grisonnantes en évoquant le ralliement au oui des conservateurs de Nouvelle Démocratie et des socialistes du Pasok, qui ont gouverné le pays depuis le début de la crise de la dette et jusqu’à la victoire de Syriza fin janvier.
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Libération - France

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